CORNEILLE Guillaume


L’artiste peintre, graveur et sculpteur Guillaume Corneille, de son vrai nom Guillaume Cornelis Van Beverloo, naît le 4 juillet 1922 à Liège. Il fait des études de dessin à la Rijksakademie d’Amsterdam (1940-1943). Dans les années 40, Corneille est en quête d’une « nouvelle créativité » ; d’une manière très libre, il peint principalement des oiseaux et des jardins. Sa première exposition personnelle est organisée en 1946 à Groningue (Pays-Bas). L’artiste s’installe définitivement à Paris en 1950. En 1948, Corneille est cofondateur du groupe Experimentele Groep Amsterdam (avec Karel Appel et Constant qui rédige le manifeste) ; ce groupe publie la revue Reflex ; la même année, ces artistes co-signent le manifeste Cobra (avec le peintre Asger Jorn, et les deux poètes belges, Christian Dotremont et Joseph Noiret). Ensemble, ils signent un texte bref, rédigé par Jorn et Dotremont, qu’ils intitulent « La cause était entendue », par référence ironique au manifeste du Surréalisme, « La cause est entendue ». On y revendique un art expérimental, en réaction contre tout esthétisme et contre toute spécialisation, afin d’exprimer un contenu contestataire. La manière de Corneille frappe par ses formes qui rappellent des dessins naïfs d’enfants, sans toutefois ignorer une certaine violence. Il réalise sa première exposition à Paris avec Appel et Constant à la Galerie Colette Allendy, avant de proposer la manifestation Cobra au Stedeljik Museum d’Amsterdam. De 1950 et jusqu’en 1958, il entreprend de nombreux voyages (Afrique, Amériques, Antilles) et compose des paysages abstraits et colorés qui sont comme les traces de ses propres pérégrinations. En 1953, Corneille s’initie à la gravure dans l’atelier de Stanley Hayter à Paris. Après avoir évolué vers l’abstraction et après la dislocation du groupe Cobra en 1951. Au début des années 60 Corneille revient à une « Nouvelle Figuration ». Impressionné par la luxuriance de la nature en Afrique, Amérique du Sud et Mexique, il retrouve le vocabulaire expressionniste et passionné de la période Cobra. En 1962, il expose pour la première fois à New York. Depuis cette époque, l’artiste peint des toiles, réalise une importante œuvre graphique, exécute sculptures et objets en céramique, des œuvres extrêmement colorées dont les formes sont le plus souvent soulignées par des cernes noirs. Son art évoque un monde personnel et imaginaire, un univers peuplé de fleurs, d’oiseaux et de femmes. De 1980 à 1987, Corneille participe aux nombreuses rétrospectives consacrées au mouvement Cobra en France et à l’étranger. En 1992, il travaille ses premières sculptures en bois polychrome. Dans ses œuvres récentes, empreintes de lyrisme, la femme, l’oiseau, le soleil et le serpent ainsi que le chat sont omniprésents.

Corneille décède le 5 septembre 2010. Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, lui rend hommage en ces termes :

« Avec Corneille, disparaît un artiste véritablement solaire et tendre, dont les couleurs, les lignes et les motifs expressionnistes ont marqué le paysage pictural de notre siècle. Peintre mais aussi sculpteur et graveur, Guillaume Corneille Van Beverloo si joliment baptisé « Corneille », vivait et créait en France depuis très longtemps. On lui doit l’existence du mouvement artistique « Cobra » créé en 1948 avec Alechinsky et plusieurs poètes, un courant éphémère d’avant-garde qui prônait la création collective d’oeuvres. Il restera comme l’un des grands libérateurs de la couleur et de la forme, dans la lignée de Paul Klee et Miro, mais surtout dans sa lignée à lui, simple et chaleureuse, tendrement blottie entre avant-garde, expressionnisme et arts populaires. » Frédéric Mitterrand. Paris, le 6 septembre 2010.